Question : Jean‑Julien, pouvez-vous nous raconter l’histoire de votre moulin ?
Jean‑Julien Genest : La Minoterie de Roncin appartient à la famille Tual depuis 1936. Aujourd’hui je la dirige aux côtés d’Henri‑Pierre Tual. Nous cultivons le savoir-faire familial dans un esprit indépendant et à taille humaine.

Question : Vous êtes l’un des neuf moulins autorisés à produire de la farine de blé noir IGP Bretagne…
Jean‑Julien Genest : L’IGP garantit que le grain est produit, stocké et moulu en Bretagne, sans produits phytosanitaires. Cela valorise notre terroir et notre exigence. C’est une farine recherchée par les boulangers et crêperies les plus exigeants.

Question : Vous insistez particulièrement sur la proximité avec les boulangers artisans. Comment cela se concrétise-t-il ?
Jean‑Julien Genest : Chaque livraison est l’occasion de construire une relation. Nous livrons directement beaucoup de boulangers et crêperies en Bretagne. On accueille régulièrement des artisans au moulin, on échange sur leurs besoins, on ajuste ensemble nos farines selon les spécificités de leurs pains ou galettes. C’est un partage de valeurs, un travail de fond, de précision.

Question : En quoi cette relation renforce-t-elle votre démarche ?
Jean‑Julien Genest : Cette proximité nourrit une confiance mutuelle. Les boulangers connaissent la provenance de leur farine, peuvent transmettre cette information à leurs clients. Cela valorise notre terroir et favorise une économie locale durable.

Question : Comment se passe la gestion de la production ?
Jean‑Julien Genest : Nous produisons environ 2 700 tonnes de farine chaque année, entre blé tendre et blé noir IGP. Chaque lot est contrôlé, nettoyé, écrasé sur place. La gamme comprend des farines T55, T65, T80, ainsi que des farines de sarrasin ou d’épeautre, pour répondre aux besoins des artisans partout en Bretagne.

Question : Quel lien particulier entretenez-vous avec les artisans du territoire ?
Jean‑Julien Genest : Pour nous, ce n’est pas une simple vente, c’est un partage. J’échange régulièrement avec les artisans : retours d’expérience, conseils de panification… Certains boulangers considèrent même notre équipe comme un prolongement de la leur. C’est de partage d’expérience dont il est question.

Question : Face au modèle industriel, quel rôle joue la Minoterie de Roncin ?
Jean‑Julien Genest : Nous représentons une autre voie : maintenir une filière courte, humaine, ancrée dans le territoire. Les petits moulins comme nous défendent une agriculture locale, des circuits courts, une diversité de produits locaux. Nous apportons une réponse locale à une demande locale.

Question : Que souhaitez-vous transmettre pour l’avenir ?
Jean‑Julien Genest : Nous souhaitons transmettre aux nouvelles générations les savoir-faire de la petites meunerie locale, traditionnelle et familiale, et par dessus tout la passion du métier.