À Saint-Colomban, en Loire-Atlantique, la minoterie Giraudineau incarne depuis cinq générations un savoir-faire à la fois exigeant, et profondément local. François Giraudineau, nous ouvre les portes d’un moulin à taille humaine, ancré dans son territoire.

Question : François Giraudineau, votre moulin a une histoire familiale forte. Comment perpétuez-vous cette tradition aujourd’hui ?
François Giraudineau : En 1959, mon grand-père Daniel quitte le moulin familial de son frère pour fonder la minoterie Giraudineau. Depuis, nous avons conservé cet esprit d’indépendance, de transmission, de passion. Mon père Christophe a repris le flambeau en 1989, et j’ai pris la relève en 2014. Chaque génération a su moderniser l’outil sans jamais perdre de vue l’essentiel : la qualité, l’humain et la proximité. Aujourd’hui encore, nous restons un moulin familial au service des artisans.

Question : Vous avez été un des premiers moulins à vous engager dans le bio. Pourquoi ce choix si tôt ?
François Giraudineau : En 1973, bien avant que le bio ne soit une tendance mon grand-père avait déjà cette intuition : ce que nous mangeons influence directement notre santé. Il croyait en une agriculture plus respectueuse des hommes et de l’environnement. Cet engagement, nous l’avons renforcé et proposons à la fois une gamme bio et une gamme conventionnelle raisonnée, en travaillant avec des producteurs locaux, dans un climat de confiance durable.

Question : Investi dans le tissu local, comment cela se traduit-il dans votre activité ?
François Giraudineau : Produire localement, pour des artisans locaux, avec des blés issus du territoire, c’est notre raison d’être. Cela garantit authenticité, traçabilité, qualité. Nous avons créé les marques « Grenier Bio d’ici » et « Local et plus encore » pour valoriser cet ancrage. On parle souvent de circuit court, mais pour nous, c’est naturel depuis toujours. Nous achetons nos blés localement, nous les écrasons ici, et nous livrons nous-mêmes les artisans, un lien de cœur, de confiance.

Question : Quelle est votre relation avec les artisans boulangers ?
François Giraudineau : Nous ne travaillons qu’avec des artisans boulangers qui partagent notre exigence. Je rencontre les boulangers souvent, je les écoute, je les conseille. Cette proximité, ce n’est pas juste du commerce ; on travaille ensemble, on développe parfois des farines sur mesure. Nos farines sont pensées pour répondre aux besoins de ceux qui les utilisent.

Question : Vous êtes aussi président du Groupement des Petits Moulins de France. Quelles sont vos convictions à ce poste ?
François Giraudineau : Mon rôle, c’est de défendre les valeurs des petits moulins artisanaux : l’indépendance, la qualité, la transparence, le lien avec le territoire. Face à l’industrialisation massive, nous représentons une autre voie. Les petits moulins sont les gardiens d’un savoir-faire, il faut préserver cette diversité meunière.

Question : Quelles sont aujourd’hui les évolutions de la minoterie Giraudineau ?
François Giraudineau : Nous continuons d’investir pour allier performance et respect du produit. En 2021, nous avons installé une ensacheuse moderne, un nouveau bâtiment de stockage avec quai de chargement. Mais l’essentiel reste d’adapter nos farines aux besoins des artisans.

Question : le mot de la fin ?
François Giraudineau : Nous sommes une charnière entre, ceux qui cultivent la terre et ceux qui font le pain. Nous restons pourtant une maison de famille aux côtés de ceux qui aime faire du bon pain.